"Mythologie" est le titre de l'exposition présentée au MAMC
Stanko, l’enchanteur
Enfant, Stanko Kristic a commencé par pétrir la pâte pour le pain nourricier puis il a pétri la terre pour que les hommes se réfugient, se reposent dans leur maison-abri, puis il a taillé la pierre... (Naissance d’un sculpteur)
Très tôt, matières et matériaux et l’enfant puis l’adolescent s’épousent :
Don de la Terre / Don de l’Enfant.
Stanko commencera par le noble travail de maçon... mais il sait qu’il y a autre chose qui l’attend. En Yougoslavie son pays natal, il ne voit pas d’avenir pour ce qui le hante. Il arrive à Paris en 1975. Très vite, il rencontre des architectes d’intérieur qui vont lui confier des travaux de décoration, activité qui le mènera finalement au statut d’artiste qu’il officialise en 1987.
A la faveur d’un voyage dans le Sud-Ouest en 1995, Stanko Kristic découvre Cordes et décide de s’y installer. Au moment de cette décision et au début de son installation, il travaille sur des pièces ésotériques, étranges, énigmatiques, obscures, qui veillent sur les secrets. Pièces prémonitoires en résonance parfaite avec les traditions alchimiques de Cordes.
La force du site va amener Stanko Kristic a une nouvelle dimension pour ces œuvres dont une partie seront monumentales.
L’ŒUVRE – Les œuvres
Le choix et le travail des matériaux, la confrontation de formes plurielles et les tensions internes, selon des principes d’oppositions finissent toujours résolus ou plutôt suspendus dans une unité souvent paradoxale mais convainquante et fortement incarnée. L’assemblage des surfaces et des couleurs fait montre d’un sens aigu du rythme qui fait écho aux pulsations intérieures.
Stanko Kristic exhume ainsi mythes anciens et rêveries cosmiques. Le temps est aboli et le phénix renaît de ses cendres : dieux hommes et animaux se réveillent. Il nous ouvre les cieux et les grottes profondes, il refonde un monde ancien où tout semble à sa place pour l’Eternité, où le féminin et le masculin coexistent en paix. Il réveille la dimension du Sacré. Il empreinte aux oiseaux la magnificence de leurs plumes dont il orne les dieux et la magnificence des couleurs des vitraux. Il puise dans les héritages du Monde, sur tous les continents, ce qui convient à ses desseins et intuitions.
La force qu’il déploie dans son atelier peut être impressionnante : il ressemble aux soldats assyriens du Louvre. Aux corps puissants, fortement ancrés dans le sol, taillés dans la pierre, ceux-là même qui sont entourés des “taureaux ailés”.
Ajouter que la façon dont Stanko Kristic réussit à lier des matériaux aussi hétérogènes tient du prodige : ses pièces ont la densité volcanique ou de météores brûlés au froid extrême – rocs métamorphiques : tectonique ancestrale, savante, vivante.
Tous les éléments réunis ne font plus qu’un corps intensément présent et complexe fait de marbre, de verre délicat, de vitraux, de plâtre et de ciment...
Le chemin vers la lumière
Stanko Kristic introduira dans des masques un dispositif qui éclaire des pièces de l’intérieur. Il délaissera tous processus métamorphiques, pierres précieuses et verres de couleur pour se concentrer sur le métal dont il exaltera les reflets. Le sculpteur cherche l’immatérialité, la couleur est remplacée par la lumière. Pièces de très grande taille qui touchent le Ciel, c’est à dire l’esprit, l’éternité.
Le sculpteur a vaincu la pesanteur
Il sort vainqueur de haute lutte avec la gravitation : ce combat aura duré toute une vie, le temps d’une Œuvre, jusqu’à l’envol de la « licorne de reflet et de vide ».
Eido Kissel