Jean-Michel PRÊT

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« Oui », pensa le stylo bravache, « et nous avons les moyens de vous faire parler ».

Rien n’est moins sûr !

Le voudrait-on, qu’il serait difficile de fanfaronner avec un stylo.

Plus sereinement, la lenteur du procédé s’accorde avec le simple désir de modeler, à plat, l’ombre et la lumière.

Pour celui qui veut « se hâter lentement », le tracé en continu, qui hachure ou griffonne, rythme la partition entre le noir et le blanc et l’apparition des volumes, sur un tempo aux antipodes du geste du peintre calligraphe.

Le geste est mesuré, n’est pas irrémédiable quand il s’impatiente, et par sa proximité avec l’écriture, permet les incertitudes.

Ni un combat serein ni une méditation combative, ce temps d’atelier prolonge ce qu’offrent les falaises du Causse Noir, face à notre lieu de vie : cette présence minérale qui raconte tous les jours sa prodigieuse histoire avec gravité ou luxuriance, selon la brume, la lumière, la hauteur du soleil ou son absence.

Le décryptage de la géologie m’importe mais ne me permet pas de mettre en mots les liens qui m’attachent à ces formations rocheuses et à leurs invraisemblables descendances.

L’invraisemblance en matière de représentation artistique n’est pas répréhensible ; en dessinant, je franchis cette porte ouverte et saisis la liberté de questionner sans attendre de réponse : assez confortable attitude quand il s’agit d’interroger les pierres !

Mais loin de la vaniteuse déclaration de mon stylo !

Jean-Michel Prêt