Coralie SEIGNEUR

Le silence des pierres

Un thème comme un monde en soi.

A l’heure où je pose ces quelques mots, les pierres de grès n’existent pas encore. Seule l’idée, autrement dit l’axe autour du quel je tourne sans cesse, s’ancre au fil des jours.

Les pierres, témoins de l’histoire, immuables en apparence, recèlent par leur silence bien des secrets.

Le silence et les pierres.

En terre cuite, l’apparent plein est généralement creux pour permettre à l’argile de se mouvoir au séchage et à la cuisson.

Il est évident que mes pierres seront creuses, qu’elles seront poches closes de silence.

J’aimerais donner un sens à ce vide, qu’il soit justement le creuset muet d’une parole écrite qui ne pourrait se lire, ni se dire, à toujours secrète, si l’on ne brise le silence en brisant la terre-pierre.

Et si je vous invitais à prendre appui sur un fragment de texte ou simplement laisser votre état du moment écrire et enfouir à tout jamais quelques mots dans l’orifice de l’une de ces pierres qui, bien que silencieuse, vous aura peut-être interpellé ?

Peut-être ferons nous circuler ces mots de lieux en lieux, à en faire déborder les pierres creuses.

Je nommerai ces pièces ‘Passagère du silence', en hommage à Colette qui m’avait mis dans les mains l’ouvrage de Fabienne Verdier, une quinzaine d’années plus tôt.

C’est dans un bout de son atelier que sa présence, silencieuse comme les pierres, m’a ensuite accompagnée en filigrane, le temps de me déployer un peu plus.

Coralie Seigneur