Artiste pluridisciplinaire
Son itinéraire, ses multiples activités de peintre, de graveur, de photographe, de comédienne, de créatrice de décors, de masques et de costumes pour le Temps Fort Théâtre, compagnie qu’elle fonda en 1969, font de Dominique Sylvestre une artiste que l’on pourrait qualifier de «pluridisciplinaire» et nomade, quittant régulièrement la Dordogne pour des pays lointains.
Pourtant, au-delà de l’éclectisme apparent, existent un réseau de correspondances et une certaine vision d’un monde «continu», qui englobent tous les aspects du travail de l’artiste et lui donnent un sens.
«Le théâtre, explique-t-elle, éclaire et alimente mon travail graphique, tandis que la vision graphique est imprimée dans le geste théâtral. Dans le théâtre comme dans mes dessins, on trouve le même enchevêtrement de toutes les formes de vie ou, mieux, de la simultanéité des différentes formes de vie chez un même être. Les personnages portant des masques animaux, les oiseaux-chevaux, les créatures hybrides, ne sont pas des monstres, des caprices sadiques de la nature ou de l’artiste; ils montrent la simple condition des créatures, leur normale et continue métamorphose.»
Son travail actuel, axé sur la photographie, lui permet de faire le lien entre le monde extérieur - elle prend des photos lors de ses voyages - et sa maison en Périgord, lieu indispensable, «coquille» où elle s’enferme pour poursuivre sa recherche plastique. Mais Dominique Sylvestre ne fait pas de photos souvenirs. Ce qu’elle rapporte des quatre coins du monde ce sont des matières, des couleurs qui ont retenu son regard. Le travail qui suit dit assez bien les correspondances qui se créent entre des arts aussi distincts que le théâtre et la photo. La recherche de Dominique Sylvestre «met en scène» ses clichés et leur crée un nouveau décor pour aboutir à un vrai travail plastique qu’elle offre au public.
Pour cela, elle utilise la macro photo, roche, bois, écriture sur un mur, végétaux, constructions qu’elle élabore elle même. Tous ces éléments sont pris en extérieur. C’est à partir du tirage couleur que Dominique Sylvestre travaille alors sur du papier à l’acrylique, à l’encre, au crayon ou au fusain. Le projet qu’elle développe actuellement repousse plus loin encore les frontières entre la réalité et l’imaginaire, le ciel et la terre, le petit et le grand, et mêle la photo, la création graphique, l’écriture : il s’agit d’une «cartographie imaginaire», constituée de photos de lichens et de bois qui évoquent des vues aériennes et deviennent de véritables cartes de géographie, matérialisant ces pays inconnus que Dominique Sylvestre nous fera découvrir grâce à ses récits de voyages imaginaires.